Les signes que nous occupions l’arrière-cour d’un puissant géant à la nature dominante sont surgies assez tôt dans mon enfance. Ricky, le petit voisin qui jouait de la guitare, est un matin apparu dans notre cuisine, annonçant d’un ton solennel qu’Elvis était mort.
Elvis?
Dès l’âge de six-sept ans, tout ce que je voulais dans la vie était de manger des chips et boire du Pepsi (ou de l’Orangeade), en regardant Les Tannants. Mais mes parents (ces gardiens de notre bien-être!) nous interdisaient le Canal 10. Ma première job a été au McDonald’s de Lachute, The Doors a bercé mon adolescence, boulimique de lecture, j’ai rapidement plongé dans Jack Kerouac, les poètes beat, Philip Roth, Paul Auster, avant de découvrir le cinéma de David Lynch, Tim Burton, Tarantino…
À 19 ans, j’ai eu l’incroyable chance d’avoir l’écrivaine québécoise Lise Tremblay comme professeur de littérature. À l’époque, elle était une prof et autrice émergente, que tous aimaient et respectaient pour son érudition, sa franchise et sa connaissance profonde des auteurs qu’elle aimait comme Hemingway, Jacques Poulin et Kerouac. Lise, dans ses livres comme dans ses enseignements, sait transmettre finesse et une profonde intelligence l’américanité québécoise. Cette posture identitaire ambiguë et porteuse d’une grande complexité et de paradoxes de plus en plus évidents. Je relis ces jours-ci quelques-uns de ses livres, La héronnière était à mon avis le plus mordant d’une oeuvre ancrée dans une authenticité sans compromis. Lire Lise Tremblay, c’est se regarder en face dans un miroir sans pitié pour les zones d’ombre.
Boycotter la haine
La liste des marques et denrées à boycotter, dans le contexte des menaces de tarif de Trump, me laisse de glace. Pas juste parce que mon panier d’épicerie ne contient pas vraiment de chips Lays, ni de fromage Kraft. Non. C’est surtout cette première réaction de consommateurs d’abord qui m’attriste et m’affole un peu. Les Walmart, Costco, et autres box stores continueront de dominer le paysage, même si l’on achète du Saputo plutôt que du Velveeta.
Et il y a des influences américaines que je refuse de boycotter. L’humour en fait partie. Les sketchs hebdomadaires de Saturday Night Live, une source de lucidité, un rappel de la “joke cosmique” de tout ce chaos. Je ne boycotte pas les membres américains de mon groupe hebdomadaire de méditation à qui je parle presque chaque jour via WhatsApp. J’ai des étudiants américains qui ne risquent de rencontrer aucun mépris de ma part.
Et le jour de l’inauguration de Trump, j’ai visionné Elvis Gratton dans un de mes tutorats de français langue seconde, histoire de me (nous) rappeler mon (notre) ancrage dans cette folle Américanité.
La sainte paix sur le Canal
Au début de l’année 2025, je me suis donnée le défi de donner un minimum d’attention à Donald et Elon. CNN propose ses “100 jours de Trump”? Moi je m’offre 100 jours à regarder… ailleurs. Un peu comme au début de la pandémie, quand je m’évadais du côté du Mont-Royal pour échapper aux info en continu où personne ne semblait départir les faits fondés, des rumeurs (et des peurs!) Installée à Vanier- quartier francophone de Vanier d’Ottawa- depuis l’automne dernier, je profite à fond de la quiétude d’une ville réputée comme un peu somnolente. Ottawa, ça goûte quoi? Ça goûte le bonheur de patiner pendant des kilomètres sur le Canal Rideau.
Moment sénior
Je m’entraîne pour un triathlon (sprint) en mai prochain. Pour être au top de ma forme, j’ai décidé de suivre attentivement mes indices biométriques de santé. J’étais ravie d’obtenir un A général lors de mon dernier bilan. Bémol: mon indice glycémique traîne un peu de la patte- ou plutôt a tendance à s’enflammer!- même s’il se situe dans ce qui est considéré comme “normal”. Pour revenir sur la bonne voie, je m’inspire de la chaîne Youtube de Jessie Inchauspé aka Glucose Goddess, cette française qui nous enseigne avec beaucoup de style et d’intelligence à devenir les propres scientifiques de notre santé. Et à compter de demain, j’aurai au brase mon moniteur de glucose en continu. À suivre!!
Mon amie Bridget Jones
Parlant d’inventaire quotidien des chiffres du jour… J’ai été complètement charmée par les dernières tribulations de Bridget Jones et Mad about the Boy. L’héroïne née de l’imaginaire de la britannique Helen Fielding revient avec beaucoup de vulnérabilité, dans le rôle d’une veuve très touchante dans sa maison bordélique où elle vit avec ses deux enfant qu’elle adore. Bridget ne fait plus le compte de ses cigarettes et verres de vin quotidiens, mais tente plutôt de se refaire une vie (et une dignité) dans un monde où Tinder a remplacé le 5 à 7 comme lieu de rapprochement. Et totalement irrésistible: Hugh Grant qui renoue avec son alter ego Daniel Clever, vieux-beau toujours aussi déplacé, qui fréquente des femmes beaucoup trop jeunes.
Des fraises en février?
Petit bonus pour montrer mon appréciation à mes lecteurs Substack: j’offre aux 20 prochains lecteurs qui adhèrent à un abonnement payant un porte-clé “fraise en février” fait main.
Bonne semaine!